1622, l’épisode fleurusien de la guerre de trente ans
1622, l'épisode fleurusien de la guerre de trente ans
La bataille de Fleurus de 1622 mit aux prises les troupes espagnoles de la Ligue catholique commandées par don Gonzalès de Cordova et celles de l'Union protestante placées sous les ordres de deux célèbres aventuriers, Ernest de Mansfeldt et l'évêque Christian von Halberstadt.
Qui plus est, elle est absente du « Monument aux trois victoires françaises » …
Pour la simple et très bonne raison que la France n’y a pas participé.
A la fois religieuse et politique, la guerre de Trente ans a des origines multiples.
Même si la première fut l’opposition politique et religieuse entre catholiques et protestants luthériens ou calvinistes, d’autres facteurs entrèrent en ligne de compte; tentations hégémoniques ou d’indépendance, rivalités commerciales, rivalités ou ambitions personnelles y trouvèrent un exutoire.
La bataille de Fleurus de 1622 mit aux prises les troupes espagnoles de la Ligue catholique commandées par don Gonzalès de Cordova et celles de l’Union protestante placées sous les ordres de deux célèbres aventuriers, Ernest de Mansfeldt et l’évêque Christian von Halberstadt.
Christian von Halberstadt et Ernest de Mansfeldt ne furent pas des personnages ordinaires. Fils naturel du comte de Mansfeldt, Ernest de Mansfeldt, fut un redoutable condottiere de la guerre de Trente ans. Pour certains historiens, Mansfeldt serait né à Malines en 1585 et sa mère aurait été une dame de cette ville.
Après avoir combattu du côté espagnol, Mansfeldt passa au service des protestants. En 1619, lâché par ses commanditaires, le condottiere continua sa guerre pour son propre compte. En 1621, traqué, il doit fuir vers la France en unissant ses forces à celles de Christian von Halberstadt.
Christian, duc de Brunswick-Lunebourg, évêque luthérien d’Halberstadt, naquit le 10 septembre 1599. Il allait se rendre célèbre pendant la guerre de Trente ans, non seulement par son extraordinaire courage et son intrépidité mais aussi par ses nombreuses rapines et brigandages. Il apprit le métier des armes en Hollande, devint évêque d’Halberstadt à la mort de son frère Christian, en 1616, mais fit la guerre par goût, par esprit d’aventure et pour assouvir ses mauvais penchants.
Uni à Ernest de Mansfeldt et il entra avec lui en Alsace puis en Lorraine. Le pillage, le meurtre et l’incendie y marquèrent leur passage. Le duc de Nevers, Gouverneur de la Champagne, vers laquelle ils faisaient mine de s’avancer, s’entendit alors avec les Espagnols pour leur barrer la route. Ayant deviné la ruse, Christian et Mansfeldt entraînèrent, à marche forcée, leurs troupes vers les Pays-Bas espagnols. Le dimanche 28 août, les deux aventuriers poursuivant leur marche en empruntant la chaussée Brunehaut (l’ancienne chaussée romaine qui passe à Fleurus sur le territoire d’Heppignies et Wagnelée) arrivent à Fleurus.
Les versions quant à la position des ennemis diffèrent légèrement mais les grandes lignes de la bataille nous sont connues.
Arrivés dans la plaine de Fleurus, ils campent à Wagnelée vers 6 heures le soir.
Don Gonzalès, avec toute sa cavalerie les y attend, il a pris «position au Nord de Fleurus, dans la direction de Chassart, sur une éminence de Saint-Amand, ayant le dos appuyé sur Fleurus et faisant face à la chaussée romaine» (*). Stupéfaits, d’apercevoir les troupes de don Gonzalès prêtes à leur disputer le passage, Halberstadt et Mansfeldt hésitent. Les forces respectives qui le 29 août vont se heurter à Fleurus, comprennent du côté des Luthériens 6.000 cavaliers, et 7.000 à 8.000 hommes de pied, du côté des Espagnols de la ligue catholique 8.000 fantassins et 2.000 cavaliers. Des deux côtés, l’artillerie est maigre; elle ne comprend que quelques canons et les Espagnols n’en ont que deux de plus que les Luthériens.
Le lundi 29 août, dès l’aube, la cavalerie de l’évêque luthérien charge avec furie mais est repoussée.
Au cours de la bataille, elle chargera six fois l’infanterie espagnole sans parvenir à entamer le véritable rempart d’acier des piques des fantassins de la Ligue catholique. Plus la journée s’avance, plus la mélée est confuse et terrible. Après avoir tiré, les soldats des deux partis se cassent le pistolet sur la tête. Il s’en faut de peu que les troupes de Mansfeldt et d’Halberstadt ne soient totalement écrasées mais les Espagnols fatiguent.
Les deux partis luttent déjà depuis 5 heures, lorsqu’enfin vers 11 heures, Halberstadt et Mansfeldt, rassemblant toutes leurs forces, parviennent à faire une trouée et prennent la fuite. Cordova est victorieux puisque maître du champ de bataille. La journée coûte aux vaincus 3.000 hommes, tués, blessés ou prisonniers. Les Espagnols, de leur côté, ont eu 300 tués et 900 blessés.
Fleurus, où quelques mousquetaires s’étaient retranchés, fut « presque entièrement incendiée».
Ses troupes étant très fatiguées, don Gonzalès de Cordova laissa souffler ses soldats jusqu’à 3 h 30 avant d’entamer la poursuite. Le lendemain, une troupe de cuirassiers rejoignit l’infanterie ennemie restée en arrière et la tailla en pièces. Au total, durant la bataille (nous en avons cité le chiffre plus haut) et durant leur fuite, Mansfeldt et Halberstadt avaient perdu 11.000 hommes, leur artillerie et leurs bagages.
Ayant appris qu’il y avait eu bataille à Fleurus, l’Infante Isabelle ordonna aussitôt que l’on prenne soin des blessés sans tenir compte du parti auquel ils appartenaient. Au cours de la bataille de Fleurus, Christian von Halberstadt avait reçu un coup de feu au bras gauche et il fallut l’amputer. Cette mutilation ne devait d’ailleurs avoir aucune influence sur « la fougue de ses passions».
A la Haye, il se fit faire un bras en argent qui remplaça le membre disparu.
(*) Cette version est contredite par certains documents en notre possession.