1690, Louis XIV au faîte de sa puissance

1690, Louis XIV au faîte de sa puissance

La paix conclue à Nimègue en 1678 avait été trop avantageuse à la France

Cette bataille est la première des trois victoires françaises de Fleurus …
Si le Roi Soleil en était absent, c’est sous le commandement d’un Maréchal, revenu en grâce, que le combat fut mené…

Louis XIV

La paix conclue à Nimègue en 1678 avait été trop avantageuse à la France pour que les puissances, qui s’étaient une première fois coalisées contre elle, prissent facilement leur parti des stipulations auxquelles les succès des armes françaises et aussi la lassitude d’une longue guerre les avaient obligées de souscrire.

D’autre part, la révocation de l’Edit de Nantes (1685) avait indisposé les Etats protestants. L’adversaire le plus acharné du “ roi Soleil ”, Guillaume d’Orange, que la révolution de 1688 venait de faire roi d’Angleterre et d’Ecosse, sous le nom de Guillaume III, n’avait pas eu de peine à nouer une nouvelle coalition, la “ Ligue d’Augsbourg ”.

Louis XIV, alors à l’apogée de sa grandeur et de sa puissance, ne mit pas moins de 350.000 combattants sur pied, et la Ligue eut bientôt en ligne des armées aussi nombreuses.

A défaut de capitaines de génie, comme Turenne et Condé, pour commander ces masses, l’on trouva des généraux d’un réel talent dans leurs principaux élèves : le maréchal de Catinat et surtout le maréchal de Luxembourg.
Quoique entré dans sa soixante-treizième année, ce dernier était toujours plein de feu et de vigueur.

Arrivé le 1er mai au quartier général de Saint-Amand, près de Valenciennes, il manœuvra d’abord par sa gauche pour menacer Anvers, à la possession duquel les alliés attachaient un grand prix.

Mais bientôt, apprenant que le prince de Waldeck se rapprochait de la Sambre pour effectuer sa jonction avec l’électeur de Brandebourg, qui arrivait de la Moselle, il se rabattit vivement vers l’Est pour attaquer les Anglo-Hollandais avant qu’ils n’eussent été renforcés par les Prussiens.

Filant le long de la rive droite, c’est-à-dire à l’abri de la Sambre, il traversa la rivière entre Ham-sur-Sambre et le château de Froidmont. Il exécuta cette marche avec tant de rapidité que l’ennemi n’en eut connaissance que lorsque l’armée française était presque à portée de canon.

Waldeck, ayant vu ramener sa cavalerie l’épée dans les reins par dix-sept escadrons français que Luxembourg conduisait en personne, se hâta de ranger ses 50.000 hommes en arrière de Fleurus, sur la position précédemment décrite ; son adversaire, qui en avait 40.000, résolut de l’y attaquer sans différer.

Pendant que de Waldeck, persuadé qu’il allait être attaqué par son front et sa droite, donnait toute son attention à cette partie du champ de bataille, Luxembourg, avec vingt bataillons et quarante escadrons, franchissait rapidement le ruisseau de Saint-Amand sur deux ponts de bateaux jetés en aval de Ligny.

Il expédia à son général de Gournay l’ordre d’attaquer entre onze heures et demie et midi et, d’une façon précise, aussitôt que l’estafette l’aurait joint : en conséquence, M. de Gournay donna à onze heures trois quarts, le signal de l’offensive.

Dès dix heures, il avait porté en avant toutes ses troupes jusqu’au ruisseau qui joint Wangenies à Fleurus; la cavalerie, sur deux lignes appuya un peu à droite de Wangenies; la plus grande partie de l’infanterie française, aux ordres de Rubantel, avait devant elle Saint-Amand.  Sept bataillons eurent l’ordre de passer derrière la cavalerie et d’attaquer les haies et le village de Wangenies.

L’estafette du maréchal était donc à peine arrivée que de Gournay, s’élançant à la tête de ses escadrons de première ligne, les entraînait sur la cavalerie alliée; en même temps, l’infanterie de l’extrême gauche française entrait dans les haies de Wangenies et, après un combat acharné, finissait par s’y établir; également.

Au centre, de Rubantel lançait ses bataillons sur Saint-Amand et gagnait, lui aussi, du terrain. L’aile droite alliée combattait avec ténacité et bravoure, elle commençait cependant à perdre du terrain quand la mort de Gournay vint lui donner un appoint inespéré, en jetant parmi les Français une indécision soudaine, l’effet fut rapide.

La cavalerie française, ramenée brusquement en arrière, dut repasser le ruisseau et rentrer dans Fleurus; l’infanterie, déjà maîtresse de Wangenies, se replia à son tour, mais sans désordre, et de Rubantel dut également abandonner Saint-Amand, en y laissant seulement le régiment de Champagne, qui s’y était barricadé.

Ces faits s’étaient passés en très peu de temps, et de Waldeck se félicitait de cet heureux début, quand les détonations de l’artillerie se firent entendre en arrière de sa gauche; en même temps il voyait sur ce point sa cavalerie ramenée à toute bride vers son centre et l’infanterie alliée s’éparpiller à Wagnelée, se repliant en désordre en arrière de la seconde ligne.

Le généralissime de l’armée alliée, déconcerté un instant par l’audace de son adversaire, retrouva bientôt son calme et enjoignit à sa seconde ligne de s’établir en potence sur la première ligne entre Wagnelée et la cense de Chassart, face au nouveau point d’attaque des Français; en même temps, il donnait ordre à sa cavalerie de la droite, de revenir en hâte à la gauche où le désordre des alliés était à son comble.

Pendant que ces allées et venues avaient lieu entre Wangenies et Wagnelée, les troupes françaises placées en avant de Saint-Amand et les bataillons de la seconde ligne établis en avant de la cense des Moines, reprenaient la marche en avant avec un élan irrésistible.

En même temps, le général de Tilladet, qui avait remplacé de Gournay à la tête de la cavalerie ramenée sous Fleurus, et au centre, de Rubantel avec l’infanterie, chargeaient de nouveau l’aile droite et le centre des alliés, cette fois d’une façon victorieuse.

Il était environ trois heures, quand de Waldeck jugeant la bataille compromise, songea à se retirer en sauvant la majeure partie de ses troupes : il ordonna donc à son aile droite de battre en retraite en traversant obliquement le champ de bataille, de manière à joindre l’aile gauche qu’elle s’efforcerait de dégager.

Ce mouvement n’eut point le temps de s’exécuter. L’aile gauche alliée, chargée de tous côtés, et par la cavalerie du duc du Maine à l’extrême droite française, et par celle de Tilladet, qui, ayant traversé le champ de bataille, s’était jointe à Luxembourg, ne présentait plus qu’une série de bataillons, épars combattant pour leur compte, sans direction générale, sans aucune unité.

Le maréchal de Luxembourg avait remporté la victoire.

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