Les légendes sur le charbon 

Les légendes du charbon

Vers l’an 1000, dans le petit village de Plennevaux situé près de Liège en Belgique, Hullos le maréchal ferrant marmonne tout bas :

« Quelle époque je travaille de plus en plus et mes gains, malgré mes efforts, n’augmentent pas ».

Le charbon de bois employé à cette époque coûte de plus en plus cher. Il continue à taper fébrilement sur son enclume et n’entend point la personne entrer dans son échoppe. C’est un vieillard à la longue barbe blanche qui lui arrive jusqu’au beau milieu de la poitrine. Devant le désarroi de ce brave travailleur, le vieil homme lui dit :

« Vers la montagne du moine se trouve un combustible qui remplacera avantageusement le charbon de bois que tu accuses de tous les maux. Pour l’extraire il te faut creuser un trou jusqu’à ce que la terre devienne noire, noire comme l’enfer ».

Notre maréchal ferrant est prêt à creuser jusqu’aux fins fonds des entrailles de la terre. Le vieillard continue et lui dit :

« Cette pierre noire tu la jetteras sur ton feu et tu verras que sa chaleur est cent fois supérieure à celle du charbon de bois qui te coûte tant. »

Hullos remercie l’ancien surpris de tant de générosité, va sur la montagne comme le bon dieu lui avait dit, car c’était le bon dieu, et trouve en creusant cette terre noire, brillante, sale.
Il venait de découvrir la houille.

Cette légende est fort connue en Belgique, dans ce qui fut l’un des premiers grands bassins houillers d’Europe celui de Liège.
Elle existe par ailleurs sous différentes variantes dans d’autres régions.

La version qui suit vient du Nord de la France. Dans cette version, Jean Hullos, le maréchal ferrant, est surnommé « Le Cacheux ».

Son aventure prendrait commencement, au cours d’un de ces hivers rudes que connaît le Nord, sur les monts d’Anzin. Le Cacheux en promenade dans la forêt aperçoit une lumière dans une hutte dont il ignorait l’existence. Il s’approche et aperçoit à l’intérieur des nains velus, nus comme des vers en train de se réchauffer autour d’un feu. Il ne connaît nulle flamme capable de faire des couleurs identiques à celles qu’il voit. Curieux il sort sa pipe et entre dans la hutte pour l’allumer. C’est là qu’il aperçoit que ce qui brûle n’est ni du bois ni aucune matière inflammable connue à ce jour. Il interroge les nains sur la provenance de cette pierre noire qui chauffe d’un feu d’enfer. Les personnages lui répondent évasivement en lui disant des phrases qu’il ne comprend que par brides du type :  » Si on le savait, il y a sous nos pieds des richesses qui n’ont rien à envier aux pierres précieuses et aux diamants » ou encore : « Un jour viendra où les machines marcheront sans l’aide de la force animale. Elles se déplaceront toutes seules sur la terre comme sur la mer« . Le Cacheux ne comprend un traître mot de ce qui lui semble une hérésie. Puis un signal retentit du fond de la terre et nos nains animés d’une incroyable agilité disparaissent dans un trou creusé dans le fond de la cabane. Jean le Cacheux veut en savoir plus, il les suit à distance dans un long tunnel noir qui plonge dans la terre. Au plus profond il observe grâce à une multitude de lumières une ribambelle de nains en train d’exploiter cette pierre qui brûle. Ils travaillent avec tant de courage que cela fait chaud au cœur de les voir à l’ouvrage. Un second signal retentit et les voilà en train de manger et de boire de grandes chopes de bières moussantes. Il s’invite au milieu d’un groupe et boit ainsi plusieurs pintes en leur compagnie, mais il n’arrive pas à percer le secret de la terre qui « brusle ». Le lendemain il se réveille seul dans la forêt, la hutte a disparu les nains aussi. De retour au village il ne reconnaîtra pas les siens. Dans la cour de son jardin un chêne qu’il se souvient d’avoir planté pour l’anniversaire de sa fille, une semaine avant a une taille incroyable. Comment un chêne peut-il vieillir aussi vite! Il ne reconnaît plus les habitants. Sur ses dires les villageois veulent le brûler au bûcher le prenant pour un sorcier. En une nuit il avait vieilli de cent ans. Il ne doit son salut qu’aux femmes qui se souviennent de son existence. Il révèle alors son secret et dans les monts d’Anzin on retrouve les traces de la pierre noire, de la houille.

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